Et si vous aviez le syndrome du scarabée ?

Publié le 12 avril 2023
Et si vous aviez le syndrome du scarabée ?

Son nom fait référence à un sympathique coléoptère, mais il ne s’agit pas ici d’entomologie (étude des insectes), même si le phénomène en découle directement.

Qu’est-ce que le syndrome du scarabée en entreprise et comment cela se manifeste-t-il ?
Comment l’identifier et le combattre ?

Archibat RH vous donne les clés pour comprendre ce biais cognitif qui touche très souvent toutes les sphères du monde professionnel. 




Une tendance à privilégier ceux qui nous ressemblent

Dans les années 1960, un groupe de chercheurs américains a cherché à comprendre pourquoi, lorsque deux espèces de scarabées cohabitaient dans le même milieu, l’une d’elles prenait automatiquement le pas sur l’autre. Après observation, les scientifiques ont conclu que l’espèce qui se mettait à prédominer après un certain temps, n’était pas forcément celle qui était la plus adaptée à l’environnement. Au contraire, celle qui dominait était bel et bien la plus agressive, c’est-à-dire celle qui dévorait les œufs de l’autre, jusqu’à la faire disparaître complètement. Alors, quel est le lien entre ces dangereux coléoptères et la vie d’une entreprise ?

Quelques années plus tard, George Akerlof, prix Nobel d’économie en 2011 et son binôme professeur à l’université de Brown aux États-Unis ré-examinent ce constat scientifique et le mettent en parallèle avec le monde de la science, puis de l’entreprise. Ils remarquent que les scientifiques plus âgés promeuvent davantage les jeunes collègues qui adhèrent à leurs thèses. En effet, comme les coléoptères, les êtres humains ont aussi une forte tendance à privilégier ceux qui leur ressemblent.  

Le piège d’une équipe trop homogène

Dans le monde professionnel, les décideurs (recruteurs ou managers) favorisent très souvent les candidats ou les collaborateurs qui leur ressemblent, que ce soit au niveau du recrutement ou pour une promotion. Le terme scientifique référant à ce phénomène est “l’homophilie”, qui est un biais cognitif récurrent en entreprise. Ce favoritisme n’est pas conscient et peut se manifester sur toutes sortes de critères : l’âge, le sexe, la classe sociale, l’école supérieure fréquentée, l’origine ethnique et même les sports ou hobbies communs. 

Les victimes collatérales de ce phénomène sont souvent les femmes, les seniors ainsi que les jeunes actifs de milieux défavorisés, notamment lorsque les décideurs de l’entreprise sont majoritairement des hommes. Selon Lauren Riviera, professeur à l’université de management Kellogg aux États-Unis, les recruteurs souhaitent que leurs futurs collaborateurs puissent potentiellement devenir des amis. Elle a même observé que dans certaines entreprises, si la diversité était apparente de par les différentes origines ethniques par exemple, tous les employés étaient issus d’un même quartier ou d’une seule et même université ou bien pratiquaient tous le même sport. 

La diversité source de créativité

Cependant, ce biais cognitif, si il peut sembler rassurant au début, est très néfaste dans la vie professionnelle. En effet, sur le long terme, on assiste à une absence de nouvelles idées ou de débats contradictoires. Les équipes, en étant trop homogènes, rencontrent des difficultés à se remettre en question, ont du mal à innover et restent cloisonnées. Sans une diversité indispensable, l’entreprise peinera à se renouveler et sera freinée dans sa dynamique et sa créativité. Le manque de stimulation, de mixité sociale ou culturelle et d’ouverture sur les autres empêchent les talents de s’y épanouir et génère souvent un important turn-over. 

Malgré tout, rien n’est perdu et il est possible de remédier à ce biais cognitif, d’abord en prenant conscience que celui-ci existe. Ensuite, il est important de mettre en place des décisions collégiales afin d’éviter qu’il n’y ait qu’un seul décideur. Au niveau du recrutement, celui-ci ne doit pas reposer sur une seule personne mais doit s’envisager de manière collaborative pour minimiser le risque de tomber dans le piège de ce syndrome. Également, pour la même raison, les comités d’entreprise se doivent de représenter une certaine diversité. Une autre idée innovante, en vogue aux États-Unis, est de compléter le processus de recrutement en faisant passer aux candidats un test de personnalité de type Myers-Briggs. Ainsi, on est sûr d’embaucher des individus aux personnalités différentes, qui se complètent plutôt que de se ressembler, enrichiront l’équipe et créeront une synergie réellement productive.

Si le syndrome du scarabée est un biais fréquent, il est possible de s’en prémunir de façon efficace en mettant en place des stratégies adaptées. C’est même essentiel. Ainsi, Olivier Schmouker, essayiste et conférencier canadien, recommande vivement de sortir de sa zone de confort et de s’entourer de personnes aux idées différentes, quitte à être bousculé. Selon lui, “il en va de vos succès, de votre carrière, et même de la survie de votre entreprise. Ni plus, ni moins.”

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