BIG#191

Publié le 30 novembre 2022

Quand l’immobilier rend service

Après l’ère fonctionnelle, l’ère servicielle ? C’est le chemin qu’a pris, il n’y a qu’une toute petite poignée d’années, le secteur de l’immobilier professionnel, actant sa révolution culturelle. C’est vrai dans le bureau, avec l’avènement du coworking, du bureau flexible et, plus généralement, du bureau opéré. C’est vrai dans le résidentiel, avec la floraison de moults types d’immobilier géré, coliving en tête.
C’est vrai dans l’hôtellerie, qui a ouvert le bal de la révolution servicielle, véritable source d’inspiration pour tous les acteurs conventionnels de l’immobilier B to B. Incontestablement, « l’hôtellisation » de l’immobilier est en route et ses acteurs se muent en d’authentiques opérateurs de leurs classes d’actifs, brouillant habilement les frontières de celles-ci. Les hôtels abritent du coworking. Le coworking accueille du coliving. Le coliving se mélange avec de l’hôtellerie… La fameuse chaîne immobilière structurée en plusieurs maillons clés fonctionnels – de l’aménageur à l’utilisateur, en passant par le promoteur ou l’investisseur – semble avoir longuement vécu. Aujourd’hui, le professionnel immobilier est avant tout un acteur de la ville qui doit embrasser plusieurs métiers et plusieurs compétences. Au-delà de cette nouvelle hiérarchie, une autre chaîne est en passe de s’imposer dans l’industrie immobilière qui fait de l’utilisateur, de l’usager, et parfois même du citoyen, le point central de toute la démarche.

Nécessairement user centric, volontairement serviciel, l’immobilier voit sa chaîne de valeur désormais dominée par l’usage et guidée par le service à tous les étages. Cette nouvelle donne qui gagne le marché français illustre le passage d’une économie de la propriété à une économie de l’usage maintes fois dépeinte. Une lame de fond que d’aucuns comparent à l’émergence des grandes surfaces en France.
Ne nous y trompons pas : il s’agit bien d’une révolution dont on parle, et non d’une simple évolution à la marge. Au moins pour trois raisons : une réduction des coûts, une baisse de l’empreinte carbone et un plébiscite de la part des collaborateurs des entreprises, dont on commence enfin à écouter la voix. Demain, dans un environnement plus récessif, cette triple équation qui fonde l’immobilier tout compris, ou l’immobilier qui rend service, prend décidément tout son sens.

Sandra Roumi, présidente déléguée et directrice de la publication, Business Immo

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