exé n°34 – Décembre / Janvier / Février

Publié le 23 novembre 2018
L’architecture est un tout, c’est l’évidence même. La combinatoire est complexe et merveilleuse tant elle convoque d’idées, de savoir-faire et d’objectifs divers et parfois contradictoires. Mais certains éléments demeurent des sujets plus sensibles tant leur conception peut avoir de conséquences sur le tout. 
Il en va ainsi de la poutre, symbole statique par excellence, qui porte le couvert sur un ou plusieurs appuis. En une section ou en plusieurs formant ferme ; ses dimensions, sa répétitivité, son franchissement – lorsqu’ils restent visibles –, permettent les usages et génèrent l’espace tout entier. Le dessin de la poutre ne se résume alors plus à sa seule capacité portante, c’est un parti pris que de la laisser apparente afin qu’elle devienne actrice de la composition spatiale d’un édifice. C’est aussi un choix que de laisser ou non paraître les efforts qui la traversent : largement dimensionnée, elle exprime la puissance ; plus frêle, elle est à l’état limite. Bois, acier et béton lui confèrent ensuite une aura particulière, intimement liée aux capacités de résistance propres à chaque matériau. Il n’est donc pas seulement question de mise en œuvre mais de la nature organique même des fibres ou des agrégats sollicités. C’est tout cela qu’illustrent les cinq projets présentés dans les pages qui suivent : l’insondable lien entre matière, espace et fonction.
Lien tout aussi prégnant dans le cas de la fenêtre dont la puissance dialectique est sans limite. Duelle et indispensable, elle était devenue au cours de son histoire un simple moyen, sans autre propos que ses fonctions premières. Mais l’architecture contemporaine lui confère finalement bien d’autres possibilités car elle demeure un élément fondamental de nos paysages urbains. Élément d’une complexité réelle car à l’interface entre l’intérieur et l’extérieur, entre les besoins des usages et la délicate composition de la façade qui, finalement, ne doivent faire qu’un, ne peuvent faire qu’un. Espace dans l’espace, la fenêtre ne se résume pas à ses capacités techniques telle que l’étanchéité ou la transmission lumineuse. En fonction de ses dimensions, de sa répétitivité, de sa mise en œuvre, elle peut tout révéler d’un bâtiment ou au contraire tout dissimuler, voire tout brouiller. Mais elle est surtout le héraut aléatoire de l’architecture car elle est le seul élément que les usagers peuvent manipuler à leur guise, sans contrainte.

Nous vous donnons rendez-vous le 15 février 2019 pour la 35e édition d’exé consacrée au programme tertiaire, aux ossatures bois et aux finitions translucides et vous souhaitons de belles fêtes de fin d’année.

Nadège Mevel
Rédactrice en chef

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