Séquences Bois n°133 - Habiter ensemble

Publié le 27 octobre 2021

De l’œuvre exceptionnelle à la massification : quelles variables d’ajustement ?

D’un côté, le groupe Swatch-Omega prend ses quartiers dans une résille de bois d’une technicité inégalée, élue Prix International d’Architecture Bois 2020 par la presse spécialisée qui valorise ici ce que le matériau bois peut faire de plus exceptionnel (voir p.12). De l’autre, les Trophées Séquences Bois 2021 (p.8) récompensent cette année des architectes français qui ont réussi, avec engagement et créativité, à mettre en œuvre le bois dans des contextes relativement hostiles – une mare, une zone industrielle, un cœur d’ilot inaccessible et une zone pavillonnaire de banlieue –, notamment parce qu’ils ont pu compter sur l’appui d’une maitrise d’ouvrage notablement volontariste. Mais qu’en est-il de la production ordinaire du logement ? Difficile de passer à côté du constat de la régressive qualité des logements qui préoccupe actuellement l’Etat – voir le récent rapport de Laurent Girometti et François Leclercq –, tandis qu’Emmanuelle Wargon vient de réveiller de son côté le débat sur l’insoutenabilité du modèle pavillonnaire, soulevant une question que les architectes sont nombreux à se poser depuis plusieurs années : comment le logement collectif peut-il devenir une alternative désirable ? La mise en commun voire le partage et le vivre-ensemble, peuvent-ils apporter autre chose que de la promiscuité ? La construction bois a-t-elle quelque chose à offrir dans ce contexte ? Si elle apporte une certaine amélioration du confort, autorise certaines opérations aussi complexes que vertueuses qui auraient été impossibles sans elle et peut se targuer de chantiers secs, rapides et précis, remarquons qu’elle pose encore aujourd’hui, pour sortir de l’exception et apporter ses qualités auprès de tous les publics, de vraies questions d’économie de projet, que la pénurie de matériaux ne fait qu’aggraver. Si la qualité a un prix, comme le défendent certains promoteurs, pour d’autres, comme EpaMarne, elle est plutôt l’occasion de réfléchir à des rééquilibrages globaux, et de « choisir où mettre l’argent » : enlever un niveau de parking souterrain au profit d’un parking silo (potentiellement en bois*), proposer des formes de mutualisation, construire sur du foncier moins onéreux, optimiser un déjà-là, … Le recours à un mode constructif alternatif, qui ne pourra que se massifier avec la RE2020, semble ainsi appeler de nouvelles typologies urbaines et architecturales, qui créent une occasion de repenser le système en profondeur. Et si nous en discutions en terrasse (p.41) ?

Sarah Ador

* Voir Séquences Bois 131 - Mobilité

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