exé N°37 – SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE

Publié le 02 septembre 2019

Le mercure s’est affolé au cours de ces dernières semaines, et, d’après une grande majorité d’experts mondiaux, ce n’est évidemment pas bon signe. Nous vous proposons donc de descendre en température dans les pages qui suivent. Comme vous le savez sûrement, le blanc a cette propriété de n’absorber qu’un minimum de rayonnement solaire, il est ainsi dit réfléchissant ; tout s’explique alors quant à certains villages grecs ou italiens aux maisonnettes parfaitement immaculées, dont le confort d’été est indéniable. Mais le blanc est avant tout passionnant pour ce qu’il est et ce qu’il n’est pas. Obtenu par synthèse additive ou soustractive, il peut aussi bien servir la perception que l’absence ; il a quelque chose de presque inaccessible, tant il disparaît quand il est isolé. Concevoir un bâtiment blanc relève de cette ambiguïté entre présence radicale dans un environnement aux teintes hétérogènes et recherche d’une certaine humilité, qui tend vers la disparition, vers l’ineffable. Les cinq projets sélectionnés ici ont ainsi ce blanc en commun, ce centre chromatique où confluent aussi bien l’éclat que la frugalité.  

La frugalité est d’ailleurs plus que jamais nécessaire et d’actualité dans le secteur du bâtiment, lui qui, depuis longtemps, a pris conscience de ses responsabilités environnementales. Et même si nous pouvons arguer que l’architecture est environnementale par essence, puisqu’elle est conçue en fonction d’un contexte paysager et climatique donné – il suffit pour cela de convoquer le bon sens du patrimoine vernaculaire, par exemple –, reste que la densification des villes et l’industrialisation des procédés constructifs ont clairement manqué de vertu jusqu’à récemment. Il s’agit alors d’aller au-delà du simple changement d’habitude ; le bouleversement s’avère plus intense que cela car c’est toute la filière qui doit agir ; du donneur d’ordre à l’industriel, de l’institution au constructeur, de l’architecte à l’usager. Et, parmi les sujets primordiaux, l’enveloppe est d’une complexité rare et délicate, d’autant plus lorsqu’elle est vitrée. Garante de l’étanchéité du bâtiment, de l’éclairage naturel, des vues et du confort intérieur, elle endosse moult missions, parfois contradictoires. Souvent montrée du doigt quant aux déperditions thermiques, elle a eu tendance à réduire comme peau de chagrin. Mais les gammistes et les verriers ont réagi ; et, tout en répondant à la demande d’un clair de vitrage toujours plus grand pour des menuiseries toujours plus fines, ils proposent des systèmes de plus en plus performants, qu’il s’agisse d’isolation, de contrôle solaire, d’acoustique ou de sécurité. C’est pourquoi les architectes peuvent à nouveau doter leurs ouvrages de générosité, conscients des enjeux et à même d’y pourvoir.

Nous vous donnons rendez-vous le 16 novembre 2019 pour la 38e édition d’exé, consacrée aux espaces culturels, à la structure acier et à l’acoustique.

Nadège Mevel
Rédactrice en chef

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